Lettre à personne.

Publié le 12 Mai 2018

Lettre à personne,

 

Si j’écrivais à quelqu’un que je connais, je lui raconterais ma solitude et mon désarroi. Je lui ferais part de ma déception sur la vie que j’ai vécu et sur celle que je dois poursuivre ; il pourrait lire les lignes et même les entrelignes. Il ou elle appréhenderait ma détresse.

 

La vie n’est pas du tout celle que l’on imagine quand un jour de notre adolescence on se dessine un destin. Un peu plus tard, nos positions se précisent et notre futur s’assied sur des certitudes que nous établissons comme viables, comme assurées et même certaines.

 

Au début de l’âge adulte, autour de ce moment où nous nous trouvons un emploi, nos convictions subissent un premier revers.

 

- Ah oui ! J’oubliais que je ne suis pas seul dans cette bulle. D’autres autour, ont eux aussi leur vision et elle n’est pas nécessairement compatible avec la mienne.

 

Premier constat qui déstabilise. Il faudra conjuguer avec les autres et notamment avec ceux qui sont là avant nous et qui sont ceux qui prennent les décisions.

 

La vie n’est pas aussi facile qu’on le pensait.

 

Si j’écrivais à un inconnu, il pourrait trouver dérisoires mes demandes ; il objecterait qu’assurément, je divague. La vie n’est pas du tout celle que j'anticipais. Si je croyais m'implanter et même m’y amuser, je rêvais à une existence impossible ici-bas.

 

Si j’écrivais, je penserais qu’il vaudrait mieux que je me taise.

 

Voilà pourquoi ma lettre ne s’adresse à personne.

Rédigé par Robert Alair

Publié dans #oeuvres

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