Le passage.

Publié le 13 Février 2020

La planète Antam dans la constellation de MACS0416.1-2403. Porte d'entrée.

 

Le passage vers le 2ie Superunivers.

 

Extrait du livre d’Antam (en rupture de stock).

 

Une fois dans l’autre dimension (le 2e superunivers), je réalisai instantanément tout ce que je venais de laisser derrière moi.

Il me semblait avoir raté du tout au tout ma vie dans le premier univers. Tout était maintenant si limpide, si évident. J’ai été la marionnette de tout un montage destiné à m’éprouver pour tremper mon caractère et définir ma réelle personnalité. Je suis vraiment passé à côté de tous les tests ; j’ai lamentablement échoué et je ne peux plus revenir en arrière. C’est un peu comme si tout avait été fait pour que mes réponses soient escomptées à l’instantané. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir, tout venait du cœur et la raison ne comptait pour ainsi dire pas.

Et maintenant, me voilà projeter dans un Nouveau Monde dont j’ignore les règles du jeu ; encore une fois. Dire que c’est exactement ce que tous les humains doivent vivre… une fois mort.

Eh oui, je vous l’avoue ; je suis souverainement emmerdé. Je me croyais intelligent. Quelle idée stupide ! Mon ego surdimensionné n’était qu’un leurre pour que je me plante lamentablement. Quand on ne connait pas les règles du jeu, on devrait se la fermer. On devrait être modeste et humble. Eh non ! J’étais comme ce coq qui piaillait devant sa basse-cour à l’heure où personne ne veut vraiment se lever. Quel idiot ! J’ai finalement perdu tout mon beau plumage et toutes les illusions qui le composent.

Le deuxième superunivers, c’est autre chose ; ça n’a rien à voir avec celui que je viens de quitter. Un des premiers grands chocs lors de mon arrivée, c’est ce nouveau corps complètement différent du précédent. D’abord, il est transparent, devrais-je dire, semi-transparent. Enfin pas cristallin comme du verre, mais comme une matière plastique dont le centre apparaît opaque et les contours translucides. On dirait que cette enveloppe est à la fois solide et gélatineuse ; elle possède une texture malléable et souple, mais très bien structurée. Sous son air frêle, cette chair brille de résilience.

La grande surprise de ce nouvel habitacle, car je m’y sens chez moi, c’est qu’il est asexué. Pas de sexe apparent. D’ailleurs, mes congénères se promènent nus sans problème. Par contre, même si on ne distingue aucun organe, j’ai la nette impression d’être un mâle. C’est une certitude solennelle et lorsque je croise mes semblables, je sais d’instinct qui est femme, qui est homme. Il n’y a plus d’attirance sexuelle et pourtant la recherche du sexe opposé est présente. L’attraction vient de l’intérieur.

Je ne m’explique pas le maintien d’une température extérieure constamment stable à 27 Celsius. C’est étonnant ! Les résidences n’ont par ailleurs pas de toits. Il ne pleut jamais et malgré cela j’y vois plusieurs chutes d’eau. Dès mon arrivée, j’ai été dirigé vers une des douze maisons. Je ne vous mentionne pas laquelle, mais j’ai suivi là des séminaires on ne peut plus intéressants.

C’est incroyable, mais il n’y a pas d’argent ici ; tout est gratuit. Je ne sais pas combien de temps je vais passer sur cette planète et pour tout vous dire, j’y demeurerais pour toujours. Les gens sont éminemment gentils et polis. La langue avec laquelle je m'exprime m'est complètement inconnue et pourtant je la parle sans aucune difficulté.

Il m’arrive de me souvenir de ma présence sur la planète Terre, mais je vous avoue que je ne m’en ennuie pas. Hier, j’ai croisé ma mère. Elle sortait d’une autre maison et bien que nous ne nous ressemblions pas, nous nous sommes reconnus. Nous n’avons échangé aucune parole et d’un seul geste nous avons uni nos mains. Tout était clair et limpide. J’ai discerné sa belle âme et tous les sacrifices qu’elle avait commis pendant notre ancienne vie.

Le Créateur nous a monté tout un bateau et ce  voyage ne fait que débuter. N’ayez pas peur de la mort ; elle n’existe pas. Ce n’est qu’un simple passage.

 

Rédigé par Robert Alair

Publié dans #oeuvres

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