La strappe : suite 1

Publié le 30 Mars 2017

 

- Et qu’est-ce que j’ai dit d’autre ?

- Heu ! D’autres ?

- Oui. J’ai dit que si on ne s’arrêtait pas, il y avait une…

- Heu ! Une…

- Une pénitence.

- Ah oui, c’est vrai.

- Tu t’en souviens maintenant ?

- Oui.

- Et c’est quoi la pénitence ?

- …

- C’est quoi ?

- Heu ! C’est la… la strappe. Mais monsieur ce n’est pas de ma faute, j’ai…

- Monsieur ?

- Monsieur le préfet.

- Va m’attendre à mon bureau.

- À votre bureau ?

- Oui, à mon bureau.

 

Les années cinquante n’auguraient rien d’enthousiasmant quant à la manière d’appliquer la discipline. Nos ainées l’avaient appris à la dure et fidèle à une certaine continuité, ils s’évertuaient à poursuivre la sereine mission de bien instruire les plus jeunes. Le frère Bonneau, dit frère Sébastien, jouissait de son poste de supérieur et d’envoyé divin. Il devait remettre sur le droit chemin les petits garnements mal élevés du quartier de la classe moyenne qui peuplaient l’arrondissement de notre belle ville.

 

Soyons transparents. Recevoir la strappe ne m’enchantait pas. Comme jusque-là j’y avais échappé, je ne pouvais pas imaginer ce qui m’attendait. L’aurais-je su, ce n’est pas vers le bureau que mes pas se seraient dirigés, mais bien vers la porte de sortie et au grand galop.

 

Imbu de sa personne, le frère Sébastien arriva de longues minutes plus tard, me laissant angoisser comme un petit poulet poussé vers l’abattoir. Il fouilla la poche de sa soutane noire pour se rendre compte qu’il y manquait quelque chose.

 

- Hum ! dit-il. Je me demande bien où je l’ai fourré ? Tu l’as vu ?

- Heu ! Quoi donc monsieur ?

- Monsieur ?

- Euh ! Je veux dire, Monsieur le Préfet.

- Alors ? Tu l’as vu, oui ou merde ?

- Que… que… quoi ?

- Ma strappe.

- Ha ! Euh ! Non.

- Ah oui ! J’ai dû la laisser tomber dans l’escalier du deuxième.

- Ha !

- Alors, va me la chercher.

- Là ?

- Oui, au deuxième.

 

Quel enfoiré, cet ecclésiastique de mes deux ! La voilà ma chance de déguerpir. J’hésitais tout de même à m’enfuir. Cela fait un peu lâche. Je me disais qu’à mon retour, demain, la situation serait pire. Cet imbécile ne m’oublierait certainement pas.

 

La suite demain.

Rédigé par Robert Alair

Publié dans #La strappe

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A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog. au plaisir
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R
Merci pour le gentil commentaire. J'irai avec plaisir sur votre blogue.